Vers intestinaux : tout savoir pour protéger votre santé digestive

Les vers intestinaux, aussi appelés helminthes, sont beaucoup plus courants que ce que vous pouvez sans doute imaginer. Selon l'Organisation mondiale de la santé, plus d'1,5 milliard de personnes dans le monde sont infectées par des parasites transmis par le sol. Ces infections parasitaires peuvent avoir des conséquences importantes sur votre digestion et votre bien-être général, d’où l’importance de les traiter. Voici comment agir si vous suspectez avoir des helminthes ou si l’un de vos enfants est concerné.

Que sont les vers intestinaux ?

Les helminthes sont des parasites multicellulaires qui s'installent dans le système digestif humain pour se nourrir et se reproduire. Ces organismes appartiennent surtout à deux grandes familles : les nématodes (vers ronds) et les plathelminthes (de forme plate).

Les principaux types d’helminthes

• Les oxyures (Enterobius vermicularis) : ce sont les plus fréquents, surtout chez les enfants. Ils sont blancs et mesurent entre 5 à 10 mm. Ces hôtes vivent dans votre intestin et sortent la nuit pour pondre leurs œufs autour de l'anus.
• Les ascaris (ronds) : ils peuvent mesurer jusqu'à 35 cm de long.
• Le ténia ou ver solitaire : il se divise en plusieurs espèces selon leur hôte intermédiaire : Taenia saginata (bœuf), Taenia solium (porc) et Diphyllobothrium latum (poisson). Ce type d’helminthe peut faire jusqu’à plusieurs mètres de longueur.
• Les trichures (Trichuris trichiura) : ils infectent principalement le côlon.

Cycle de vie et développement

Il faut savoir que les helminthes suivent des cycles de vie avec différents stades de développement (œuf, larve et adulte). La durée et les modalités de ces cycles (impliquant parfois plusieurs hôtes intermédiaires) varient grandement selon l'espèce, ce qui influence leur mode d'infection et leur capacité à engendrer des pathologies chez l'humain. [1]

Comment attrape-t-on des vers intestinaux ?

C’est la question que vous vous êtes sans doute déjà posée si vous ou votre enfant a déjà été contaminé. D’où viennent les vers intestinaux ? Où ai-je pu les attraper ? En fait, la contamination a principalement lieu par voie oro-fécale, mais les modes de transmission varient selon le type de parasite. [2]

Transmission par ingestion d'œufs

Les oxyures se transmettent facilement par contact direct ou indirect. En effet, ces œufs microscopiques peuvent survivre jusqu'à 3 semaines sur les surfaces. [3]

Vous les retrouvez sur :

• Des mains non lavées ;
• Les vêtements et le linge de lit ;
• Les jouets et objets du quotidien, mais également les peluches, les doudous, etc ;
• Les aliments contaminés.

Il suffit donc que vous respiriez près d’éléments contaminés pour être exposé à votre tour.

Contamination par l'eau et les aliments

Les nématodes et les trichures, eux, se transmettent plutôt par : [4]

• L'eau contaminée non traitée ;
• Les légumes et fruits mal lavés ;
• Les sols souillés par des matières fécales humaines.

Transmission par la viande

Vous pouvez attraper le ténia en consommant de la viande crue ou mal cuite ou du poisson qui contient lui-même des larves : [5]

• Bœuf pour Taenia saginata ;
• Porc pour Taenia solium ;
• Poisson pour Diphyllobothrium latum.

Les facteurs de risque

Sont plus à risque d'infection :

• Les enfants de 5 à 15 ans ;
• Les personnes qui vivent dans des conditions d'hygiène précaires ;
• Les voyageurs dans des zones endémiques ;
• Les personnes avec un système immunitaire affaibli ;
• Les personnes qui sont en contact avec des animaux infectés.

Les symptômes des vers intestinaux à reconnaître

Vous n’allez pas avoir les mêmes symptômes selon l’espèce rencontrée, la charge parasitaire et votre état de santé. Une étude précise que de très nombreuses infections peuvent rester asymptomatiques. [7]

Les soucis intestinaux font tout de même partie des signes les plus fréquents quand on a des vers avec :

• Des douleurs abdominales diffuses ou des crampes ;
• De la diarrhée chronique ou une alternance de diarrhée-constipation ;
• Des ballonnements et flatulences excessives ;
• Des nausées et vomissements occasionnels ;
• Une perte d'appétit ou au contraire, une faim excessive.

Symptômes spécifiques selon le type de ver

Pour les oxyures :

• Fortes démangeaisons anales, surtout la nuit ;
• Troubles du sommeil et irritabilité ;
• Présence de petits vers blancs dans les excréments ou sur les vêtements.

Pour les ascaris :

• Toux sèche persistante (phase de migration larvaire) ;
• Douleurs thoraciques ;
• Fièvre modérée ;
• Parfois, vomissement de vers adultes.

Pour le ténia :

• Présence d'anneaux blanchâtres dans les excréments ;
• Sensation de faim qui dure même après les repas ;
• Perte de poids malgré un appétit normal ;
• Douleurs épigastriques.

Les symptômes généraux qui peuvent mettre la puce à l’oreille

Les infections parasitaires peuvent aussi provoquer d’autres symptômes comme :

• Une fatigue chronique et une faiblesse ;
• Une pâleur due à l'anémie ; [8]
• Un retard de croissance chez l'enfant ; [9]
• Des troubles de la concentration ;
• Des éruptions cutanées ou de l’urticaire. [10]

Quels sont les risques et complications possibles ?

Chez les enfants et les personnes immunodéprimées, il est d’autant plus important de traiter les vers intestinaux pour éviter les complications.

Complications nutritionnelles

Les complications nutritionnelles font partie des principaux risques avec les helminthes . En effet, la présence de parasites peut perturber l'absorption de nutriments essentiels à votre santé.

Les trichures et les ankylostomes, par exemple, peuvent entraîner des saignements intestinaux chroniques et donc de l’anémie ferriprive. Par exemple, chez des enfants fortement infectés par T. trichiura, jusqu’à 33 % présentaient une anémie. [11]

Certains helminthes consomment une partie importante des protéines et des vitamines ingérées, ce qui peut créer des carences nutritionnelles importantes.

Les vers peuvent également créer des carences en micronutriments. Cette étude en particulier a montré des taux de vitamine A, de fer et de zinc significativement plus bas chez les enfants et/ou les femmes enceintes infectés.. [12] Or, ces micronutriments sont importants pour votre immunité.

Complications mécaniques

Il existe aussi un risque d’occlusion intestinale avec les parasites. En effet, ils peuvent s'agglomérer et bloquer l'intestin grêle. Cette complication rare nécessite alors une urgence chirurgicale. [13]

Et ce n’est pas tout, dans des cas plus rares, les vers peuvent traverser votre paroi intestinale et provoquer une péritonite potentiellement mortelle.

Les vers plats sont même capables de migrer dans les voies biliaires et de provoquer une pancréatite aiguë.

Impact sur le développement

Chez l'enfant, ces infections chroniques peuvent entraîner différents problèmes de santé comme :

• Un retard de croissance staturo-pondéral ;
• Des troubles cognitifs et des difficultés d'apprentissage ;
• Un retard de développement psychomoteur ;
• Une baisse des performances scolaires.

Complications spécifiques

Neurocysticercose

L'infection par Taenia solium peut provoquer des kystes dans le cerveau, de l’épilepsie et des problèmes neurologiques graves.

Appendicite

Les oxyures peuvent migrer dans l'appendice. L'étude confirme leur présence dans certains cas, mais conclut qu'ils sont rarement la cause d'une véritable inflammation aiguë (appendicite), bien qu'ils puissent déclencher des douleurs appendiculaires. [15]

Diagnostic : comment confirmer la présence de vers ?

Vous avez un doute sur la présence de vers dans vos selles ou vous ressentez de fortes démangeaisons anales depuis quelque temps ? Le diagnostic des vers n’est pas compliqué. Il existe plusieurs méthodes de détection selon le parasite suspecté et les symptômes présentés.

Examen parasitologique des selles

L'examen coproscopique est la méthode de référence utilisée pour détecter la plupart des helminthes. Il nécessite de faire un recueil de selles de trois échantillons sur des jours d’affilée. Ce recueil peut être conservé au frigo maximum 24 h et il doit être apporté rapidement au laboratoire.

Test de Graham (scotch-test)

Généralement, en cas de suspicion d’oxyures, ce test est assez précis. Il consiste à appliquer un scotch transparent sur la région anale au réveil, avant de s’être lavé. L'examen microscopique du scotch révèle alors la présence d'œufs caractéristiques.

Les examens sanguins

Votre bilan sanguin peut également révéler la présence de vers ou parasites avec une augmentation des éosinophiles dans la plupart des cas, une potentielle anémie en cas d'infection chronique.

Les sérologies spécifiques sont surtout utiles pour certains parasites comme l'échinocoque ou la trichinose, mais ils sont plus rarement utilisés pour les vers intestinaux courants.

Imagerie médicale

L'échographie abdominale peut permettre de visualiser certains types d’helminthes dans l'intestin grêle. Elle permet également de repérer d’éventuelles complications biliaires ou pancréatiques et l’épaississement de la paroi intestinale.

Nouveaux outils diagnostiques

La PCR (réaction en chaîne par polymérase) offre une sensibilité supérieure à 98 % pour la détection des parasites intestinaux. Cette technique permet :

• Une identification précise de l'espèce ;
• La détection de charges parasitaires faibles.
• Les résultats sont connus très rapidement (24-48 heures).

Quels traitements efficaces prendre contre les vers intestinaux ?

Rassurez-vous si vous faites la mauvaise expérience d’avoir des vers dans vos intestins, ils se traitent assez facilement. Il faut, en revanche, vous assurer d’opter pour le bon soin.

Les antiparasitaires les plus courants, comme l’albendazole, le mébendazole ou la pyrantel pamoate, agissent en paralysant ou en détruisant les parasites pour qu’ils soient ensuite naturellement éliminés par l’organisme. Généralement, les soins pour les vers sont courts. Ils se prennent en une seule prise ou parfois trois.

Le traitement pour les oxyures (fluvermal) nécessite un second traitement deux à trois semaines plus tard pour éliminer les œufs qui restent.

Pour les ténias ou les ascaris, une prise unique peut suffire, même si certains cas demandent une surveillance ou un traitement supplémentaire.

Comment prévenir naturellement les vers intestinaux ?

Pour éviter d’avoir des vers intestinaux, il suffit d’avoir une bonne hygiène de vie et des gestes simples. La première chose à faire est de bien se laver les mains après être allé aux toilettes ou après avoir jardiné ou touché de la terre.

Quant à vos enfants, coupez-leur les ongles courts et empêchez-les de mettre leurs mains sales à la bouche.

Côté alimentation, lavez soigneusement les fruits et légumes, faites bien cuire les viandes et assurez-vous de la qualité de l’eau.

À la maison, n’hésitez pas à changer régulièrement la literie et à aérer.