Les extrasystoles au repos peuvent être assez anxiogènes lorsqu’elles sont ressenties. En effet, vous êtes tranquillement allongé, le corps relâché, quand vous avez cette soudaine sensation de cœur qui saute. Cela vous paraît brutal avec une sensation de battement instable ? Rassurez-vous, dans la majorité des cas, les extrasystoles sont fonctionnelles et souvent liées à l’anxiété, au stress chronique et à l’hypervigilance de votre système nerveux autonome. De nombreuses études scientifiques donnent des indications à ce sujet.
Que sont des extrasystoles et pourquoi apparaissent-elles surtout au repos ?
Les extrasystoles sont des battements cardiaques prématurés déclenchés par une impulsion électrique qui survient avant le rythme normal du cœur. Elles donnent donc cette sensation typique de pause suivie d’un battement plus fort, souvent interprété comme un manqué.
Définition simple : extrasystole auriculaire vs ventriculaire
Il existe deux grands types d’extrasystoles :
- Les extrasystoles auriculaires qui naissent dans les oreillettes. Elles sont souvent associées à la fatigue ou à l’angoisse.[1]
- Les extrasystoles ventriculaires qui viennent des ventricules. Elles sont sans gravité la plupart du temps sur un cœur sain et sans pathologie cardiaque, mais elles peuvent nécessiter un suivi.
Physiologiquement, vous aurez peut-être l’impression d’une sensation brève et discrète avec les extrasystoles auriculaires et des sensations plus marquées de pause ou battement manqué avec les ventriculaires. Notez toutefois que vous ne pourrez savoir quel type d’extrasystole vous avez, sans faire un ECG ou un Holter et avoir l’avis d’un médecin.
Pourquoi les ressentez-vous davantage en position couchée ou au calme ?
Quand vous êtes en train de vous reposer, surtout si vous êtes en position allongée, vous remarquerez sans doute que votre attention se porte plus facilement vers les sensations internes de votre corps. Cette écoute active de ces sensations peut alors amplifier la perception des battements cardiaques normaux et anormaux.
Il faut savoir que la position couchée a tendance à modifier légèrement le retour veineux. Elle peut donc favoriser l'apparition d'extrasystoles chez certaines personnes.
L’activation du système nerveux parasympathique peut être une autre explication au fait que vous les ressentiez davantage quand vous êtes au calme. En effet, quand le corps est au repos ou en mode sommeil-relaxation, le système nerveux parasympathique prend le dessus. Paradoxalement, cela peut favoriser l’apparition d’extrasystoles chez certaines personnes prédisposées. [2]
Le rôle du système nerveux autonome (sympathique / parasympathique)
- Vous ne vous en rendez pas compte au quotidien, mais votre système nerveux influe sur vos fonctions vitales et notamment sur votre cœur :
- Votre système sympathique accélère quand vous êtes en situation de vigilance ;
- Votre système parasympathique, quant à lui, ralentit quand vous êtes en train de vous reposer, en mode digestion ou en mode sommeil. [3]
C’est pendant ces transitions entre ces deux états que les extrasystoles peuvent survenir. Vous êtes de surcroît quelqu’un d’anxieux ? Sachez que ce système peut être d’autant plus déséquilibré avec une hyperactivation sympathique chronique suivie de phases de rebond parasympathique qui favorisent l'apparition d'extrasystoles au repos. [2]
Quel est le lien entre extrasystoles et angoisse ?
Être anxieux influence clairement la survenue d'extrasystoles par plusieurs mécanismes physiologiques et psychologiques. Cette relation bidirectionnelle est expliquée par la science : l'anxiété peut favoriser la survenue d’extrasystoles qui engendrent à leur tour de l’angoisse. C’est une sorte de cercle vicieux.
Hypervigilance cardiaque : quand le cerveau "zoome" sur le cœur
L'hypervigilance cardiaque correspond au fait d’avoir une attention excessivement portée sur ses sensations cardiaques. C’est souvent le lot des personnes anxieuses qui ont tendance à développer cette hypersensibilité. Elles perçoivent ainsi des battements normaux comme anormaux.
Le problème est que cette attention constante portée sur le cœur crée une amplification du ressenti de l’extrasystole. Certaines personnes développent même un effet psychosomatique à force d’y penser et d’essayer de ressentir les extrasystoles. Une étude scientifique démontre que chez un grand nombre de patients envoyés pour des palpitations, il existe une anxiété notable et que les palpitations sont généralement non attribuables à une arythmie évidente sur l’Holter ou l’ECG de ces mêmes personnes. [4]
Le cortisol et l'adrénaline : effet sur la conduction cardiaque
Si vous souffrez de stress chronique, vos niveaux de cortisol et d'adrénaline sont plus élevés. Or, il se trouve que ces deux hormones ont la capacité de modifier la conduction électrique du cœur.
L'adrénaline augmente l'excitabilité du muscle cardiaque, ce qui peut entraîner l'apparition d'impulsions électriques prématurées.
Le cortisol, lui, peut indirectement perturber l'équilibre électrolytique nécessaire au bon fonctionnement cardiaque.
Ces hormones créent également une sensibilisation des récepteurs cardiaques. Elles peuvent rendre plus réactif aux stimuli et plus à même de produire des extrasystoles, surtout quand vous êtes en phase de détente où quand leur taux chute brutalement. [5]
Les études sur les palpitations liées au stress et à l'anxiété
Les recherches menées par l'Institut national de la santé américain (NIH) démontrent qu’il existe un vrai lien statistique entre niveaux d’anxiété et dépression et extrasystoles chez des patients. [6]
Plusieurs études confirment que les techniques de gestion du stress réduisent significativement les marqueurs de stress. [7]
Les extrasystoles au repos peuvent inquiéter le patient, mais le cardiologue confirme souvent qu’elles sont sans danger. Le premier traitement de base à vous offrir contre les extrasystoles bénignes est donc d’apprendre à gérer votre stress.
Comment différencier extrasystoles bénignes et signes d'alerte ?
Même si les extrasystoles sont souvent sans danger, vous ne devez pas sous-estimer certains signes d’alerte et consultez rapidement en présence de certains symptômes. En apprenant à reconnaître ces signes pour protéger votre santé, vous vous sentirez d’ailleurs certainement moins anxieux(se) au quotidien.
Les symptômes qui doivent amener à consulter
Selon les recommandations de la Société Française de Cardiologie, consultez rapidement pour faire des examens si vos extrasystoles s'accompagnent :
- De douleurs thoraciques persistantes ou une forte douleur à la poitrine ;
- D’un essoufflement alors que vous n’êtes pas à l’effort ou à l'effort léger ;
- De malaises ou de pertes de connaissance ;
- D’une tachycardie supérieure à 100 battements/minute au repos ;
- D’extrasystoles très régulières (plus de 10% des battements).
Ces symptômes peuvent signaler une maladie cardiaque qui demande un diagnostic cardiologique approfondi.
Les examens utiles : ECG, Holter, bilan électrolytique
L'ECG de repos est l'examen de base pour analyser le rythme cardiaque et faire le diagnostic de certaines anomalies. Toutefois, comme les extrasystoles sont intermittentes, il n’est pas toujours possible de les visualiser à l’ECG sur un temps donné.
Le Holter rythmique est un autre examen qui enregistre en continu sur 24 à 48 heures. Il offre une visualisation précise des extrasystoles et permet d'analyser leur répartition.
Un bilan sanguin peut aussi permettre d’évaluer vos électrolytes (potassium, magnésium, calcium) et de voir s’il existe un déséquilibre qui peut favoriser des troubles du rythme.
Facteurs aggravants courants
- La caféine : c’est un stimulant qui augmente l'excitabilité cardiaque ;
- Le manque de sommeil : il peut très bien perturber l'équilibre de votre système nerveux autonome ;
- Le stress chronique : il maintient un niveau élevé d'hormones de stress ;
- L’alcool et le tabac : ce sont des irritants pour votre système cardiovasculaire ;
- La déshydratation : elle modifie l'équilibre électrolytique.
Pour diminuer vos extrasystoles bénignes, il faut donc commencer par identifier ces facteurs pour les limiter.
Que faire en cas d'extrasystoles liées à l'anxiété ?
Réguler le système nerveux : respiration, cohérence cardiaque, relaxation
La respiration contrôlée est un outil accessible et simple à utiliser chez vous pour réguler votre système nerveux autonome.
La technique de cohérence cardiaque (respiration 5 secondes inspiration, 5 secondes expiration, pendant 5 minutes) synchronise le rythme cardiaque et apaise le système nerveux.
Les exercices de relaxation progressive, la méditation de pleine conscience et le yoga activent également le système parasympathique. Ces méthodes peuvent vous aider à réduire naturellement la fréquence de vos extrasystoles.
Hygiène de vie : sommeil, hydratation, caféine, posture au coucher
- Un sommeil de qualité (7-8 heures) stabilise le système nerveux et réduit les extrasystoles nocturnes. Évitez aussi les écrans 1 heure avant votre coucher et gardez une température fraîche dans votre chambre.
- L'hydratation optimale (1,5-2L d'eau/jour) maintient l'équilibre électrolytique. Limitez la caféine après 14h et l'alcool le soir. Au coucher, surélevez légèrement la tête de votre lit pour réduire le reflux gastro-œsophagien qui peut déclencher des extrasystoles.
Quand demander un avis médical pour écarter une cause organique
Consultez votre médecin ou cardiologue si :
- Les extrasystoles persistent malgré les mesures prises (recommandations ci-dessus) ;
- Elles s'accompagnent d'autres symptômes de tachycardie, palpitation alors que vous n’êtes pas à l’effort, etc. ;
- Elles impactent significativement votre qualité de vie (troubles paniques, problèmes de sommeil, malaises, etc.) ;
- Vous avez des antécédents familiaux de maladie cardiaque.
- Un bilan cardiologique permettra d'écarter une pathologie sous-jacente et d'adapter le traitement si besoin.
Pourquoi l’anxiété amplifie-t-elle la perception des battements du cœur ?
Neurosciences : l'intéroception
L'intéroception est cette capacité à percevoir les signaux internes de votre corps. En neuroscience, il est très bien démontré que l'anxiété augmente l'activité de l'insula, la fameuse région cérébrale qui traite ces signaux. Cette hyperactivation va alors agir comme une loupe qui amplifie la perception des battements cardiaques.
Les personnes anxieuses développent souvent une intéroception exacerbée. Elles perçoivent comme anormaux des phénomènes physiologiques normaux. Malheureusement, cette hypersensibilité peut transformer des extrasystoles bénignes en source majeure d'angoisse.
Stress chronique et boucles de rétroaction entre corps et mental
Le stress chronique crée des boucles de rétroaction négatives : l'anxiété provoque des sensations corporelles (extrasystoles, palpitations) qui alimentent l'anxiété. Cette spirale infernale s'auto-entretient et renforce même votre vigilance cardiaque.
Comment casser le cercle “palpitations → anxiété → palpitations” ?
Il faut apprendre à gérer votre stress pour que votre cerveau n’interprète plus les extrasystoles comme étant dangereuses. Une fois le diagnostic de bénignité posé, attardez-vous donc à travailler votre gestion du stress et mettez l’accent sur tous les conseils donnés sur l’hygiène de vie.
Conclusion
Le lien entre extrasystoles et angoisse est chose courante et c’est généralement bénin. C’est pourquoi identifier les facteurs de stress et adapter votre hygiène de vie vous permettra sans doute de réduire vos extrasystoles et de protéger votre système cardiovasculaire.
Certains signes nécessitent toutefois d’avoir l’avis d’un médecin ou d’un cardiologue pour faire des examens plus poussés et écarter une origine cardiovasculaire. Un suivi médical régulier et des examens comme l’ECG permettront ainsi de surveiller le rythme cardiaque, la fréquence des extrasystoles et d’adapter votre éventuel traitement.
Article informatif, ne remplace pas l’avis d’un médecin ou d’un professionnel de santé.
FAQ sur l’extrasystoles au repos et l’anxiété
L’angoisse ne crée pas une maladie cardiaque, mais elle peut favoriser l’apparition d’extrasystoles bénignes via le système nerveux autonome.
Oui, l’anxiété peut augmenter la fréquence ou la perception des extrasystoles, surtout au repos, chez les personnes sensibles.
En cas d’extrasystoles bénignes, réguler le stress, améliorer le sommeil, limiter la caféine et vérifier l’équilibre électrolytique permet souvent de les réduire.
Elles sont perçues comme un battement manqué, une pause brève ou un coup plus fort dans la poitrine, souvent transitoire.
Psychological stress, the central nervous system and arrhythmias
Quality of life, anxiety and depressive disorders in patients with extrasystolic arrhythmia
Effects of stress management interventions on heart rate variability in adults with cardiovascular disease: a systematic review and meta-analysis
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