Tout savoir sur la tendinite du coude

La tendinite du coude peut surgir dès lors que vous faites des mouvements répétés avec l’avant-bras. Musicien, sportif, travailleur manuel, voici comment prévenir et soigner cette inflammation courante. Découvrez les conseils de nos experts pour reconnaître les symptômes de cette pathologie et les traitements proposés.

Qu'est-ce qu'une tendinite du coude ?

Définition simple : épicondylite vs épitrochléite

Cette pathologie est une inflammation des tendons qui s’accrochent sur les petites zones osseuses autour de l’articulation. Elle existe sous deux formes :

• L’épicondylite : vous avez peut-être déjà entendu parler sous le nom de tennis elbow. Cette forme de tendinite du coude génère des douleurs sur la partie externe latérale du coude.
• L’épitrochléite, aussi appelée la tendinite du golfeur. Elle touche plutôt la face interne.

Une étude scientifique publiée dans PubMed précise que l’épicondylite touche 1 à 3% de la population chaque année. C’est donc une forme de tendinite courante dans la population. [1] Bien souvent, elle concerne le bras le plus utilisé.

Ne vous fiez pas forcément à son nom qui évoque la pratique du tennis. L’épicondylite peut survenir suite à des micro-traumatismes répétés, même si vous ne jouez jamais au tennis. Elle est liée à des mouvements répétés du poignet ou à un coup intense au niveau du coude.

Tendons concernés et mécanisme des douleurs

La tendinite du coude concerne les tendons qui relient les muscles de votre avant-bras à l’os de votre coude.

• Du côté externe, ce sont donc les tendons des muscles extenseurs du poignet qui sont sollicités (c’est l’épicondylite). [2]
• Du côté interne, en revanche, ce sont les tendons des muscles fléchisseurs (l’épitrochléite). [3]

Que se passe-t-il exactement pour que les tendons de cette zone viennent subitement à s’abîmer ?

En réalité, la tendinite n’a rien de soudaine. Au contraire, elle découle des gestes répétitifs réalisés au quotidien et du fait que vos tendons soient soumis à rude épreuve trop régulièrement.

Bien que l'inflammation (aiguë) soit le point de départ, dans les cas chroniques, c'est surtout la néovascularisation (création anormale de petits vaisseaux sanguins) et la néo-innervation (prolifération nerveuse) dans le tendon dégénéré qui sont corrélées à la douleur, plutôt que l'inflammation elle-même. Maintenir la nuance entre les phases aiguë et chronique est crucial.

Peu à peu, vous commencez également à sentir que vous perdez de la force au niveau de la main et de l’avant-bras. Ce sont les premiers symptômes de cette pathologie.

Les causes les plus fréquentes

Surutilisation et gestes répétitifs : causes principales

Si vous répétez le même geste invariablement et régulièrement, vous allez forcément solliciter les tendons. Petit à petit, vous allez donc créer des micro-lésions inévitables et voir la douleur arriver. Les gestes répétitifs sont la première cause d’une tendinite au coude. Attention aux mouvements répétés au travail et pendant l’activité physique.

Sports concernés : tennis, golf, musculation

En toute logique, la pratique d’une activité sportive qui vient solliciter les muscles de l’avant-bras avec des gestes répétés peut être la cause de cette pathologie. De quelle activité parle-t-on ?

• Le tennis (à cause des revers ou des mauvaises techniques pour taper dans la balle) ;
• Le golf (impact avec le sol et contrainte au niveau du poignet, du coude et du bras) ;
• La musculation (charge trop lourde ou mauvaise position) ;
• Les sports de raquette comme le badminton, le squash et même le tennis de table.

Activité professionnelle et mauvaise posture

Les travailleurs de certains métiers sont aussi particulièrement exposés au risque de faire une tendinite du coude. Cela s’explique encore une fois par les mouvements répétés.

Plombiers et électriciens, informaticiens, cuisiniers ou encore menuisiers, voici autant de métiers dans lesquels il n’est pas rare d’avoir une tendinite du coude.

L’impact de la posture est d’ailleurs largement sous-estimé dans le monde professionnel.

Symptômes typiques de la tendinite du coude

Une douleur sur la face externe ou interne du coude

La douleur est le symptôme principal de la tendinite du coude. Elle peut être localisée :

• Au niveau de la face externe latérale : dans ce cas, il s’agit d’une épicondylite (point douloureux précis) ;
• Au niveau de la face interne : il s’agit d’une épitrochléite (irradiation de la douleur vers l'avant-bras).

L'intensité de la douleur varie d’une personne à l’autre et elle s’aggrave généralement lorsqu’il s’agit d’attraper des objets.

Une perte de force et des gestes douloureux du quotidien

Les études démontrent que l’épicondylite et l’épitrochléite entraînent une diminution de la force de préhension. [5] Certains gestes simples deviennent particulièrement difficiles et douloureux :

• Serrer la main ;
• Porter un sac ;
• Ouvrir un bocal ;
• Utiliser un tournevis.

Quand consulter ? Durée d'évolution normale

• Vous avez mal depuis plus de 48 heures ;
• Votre douleur vous empêche de faire certains gestes ;
• La douleur vous réveille la nuit ;
• Vous avez essayé de laisser votre bras au repos, mais la douleur continue.

Dans ces cas, n’hésitez pas à consulter rapidement un médecin pour faire identifier la cause de votre douleur et la traiter. Sans traitement, cette pathologie peut s’aggraver et durer plusieurs mois.

Diagnostic : comment confirmer la tendinite ?

Examen clinique et tests de résistance

Le diagnostic de la tendinite du coude est essentiellement clinique. Le médecin effectue des tests spécifiques sur la zone douloureuse comme :

• Le test de Cozen (pour diagnostiquer l’épicondylite) : résistance à l'extension du poignet ; [6]
• Le test de l'épitrochléite : résistance à la flexion du poignet.

La palpation peut également révéler la présence d’une douleur précise évocatrice de l'épicondyle ou de l'épitrochlée.

Échographie ou IRM : dans quels cas ?

L’IRM n'est pas systématiquement demandée. Elle vous sera proposée en cas de doute de diagnostic, d’échec thérapeutique après 3 mois ou de suspicion de rupture tendineuse. Généralement, le médecin demande une échographie en première intention.

Comment soulager une tendinite du coude ?

Repos, adaptation des mouvements et attelle

Puisque la cause vient de micro-lésions répétées, il va falloir reposer votre coude pour guérir. Le repos est donc clairement indiqué en cas de tendinite du coude. Rassurez-vous, il ne consiste pas à immobiliser totalement votre coude, mais à éviter certains mouvements douloureux.

Une attelle peut être proposée pour soulager les tendons (ou une infiltration ou des ondes de choc si vous souffrez trop).

Froid ou chaleur : que choisir ?

• En phase aiguë et douloureuse (< 48h) : appliquez plutôt du froid sur la zone qui fait mal (15 à 20 minutes, 3 à 4 fois/jour) ;
• En phase chronique : préférez la chaleur sur la zone pour détendre vos muscles.

L'alternance chaud-froid peut également être intéressante.

Les traitements efficaces

Kinésithérapie : étirements et renforcement excentrique

Des études démontrent clairement que la kinésithérapie et notamment les exercices excentriques améliorent les douleurs et la force musculaire en cas de tendinite. [7]

Médicaments : antalgiques / AINS

L'utilisation des AINS est justifiée en phase aiguë (premiers jours) pour contrôler la douleur et l'inflammation initiale. Cependant, leur usage en phase chronique est controversé et peut même être contre-productif, car il peut inhiber les mécanismes de réparation tendineuse. Il est important de bien distinguer les deux phases.

Infiltrations (corticoïdes, PRP) : indications et limites

Un autre traitement intéressant pour soulager la douleur à court terme des patients est l’infiltration de corticoïdes. Toutefois, ce soulagement rapide est souvent suivi d’une réapparition des symptômes.

Par contraste, le traitement par plasma riche en plaquettes (PRP) présente un effet plus lent mais plus durable, qui se maintient sur plusieurs mois, avec l'avantage de moins de récurrence des symptômes à long terme. [8]

Ondes de choc et thérapies complémentaires

Les ondes de choc extracorporelles sont aussi proposées pour favoriser la cicatrisation tendineuse. Vous pouvez également essayer l’acupuncture, l’ostéopathie et la mésothérapie

Les exercices recommandés

Étirements des extenseurs et fléchisseurs

Pour soulager une épicondylite :

• Bras tendu devant vous ;
• Fléchissez le poignet vers le bas ;
• Tirez doucement avec l'autre main
• Faites ceci 30 secondes, 3 fois.

Pour soulager une épitrochléite:

• Bras tendu, paume vers le haut ;
• Tendez le poignet vers l'arrière ;
• Faites cet étirement 30 secondes, 3 fois.

Renforcement progressif : poignet, avant-bras, épaule

Exercice avec haltère

• Avant-bras posé sur une table ;
• Poignet dans le vide ;
• Montée concentrique lente (2 secondes) ;
• Descente excentrique contrôlée (4 secondes) ;
• 3 séries de 15 répétitions.

Prévenir la récidive à long terme

Correction des gestes au travail et au sport

Dans le cadre du travail :

• Adaptez la hauteur de votre bureau à votre poste de travail ;
• Utilisez un repose-poignet et un clavier ergonomique ;
• Faire des pauses au moins 5 minutes chaque heure ;
• Si vous utilisez des outils vibrants, investissez dans des gants anti-vibrations.

Dans le cadre de vos activités sportives :

• Corrigez votre technique gestuelle ;
• Allez-y petit à petit ;
• Changez d’activité sportive régulièrement ;
• Optez pour un matériel de qualité et adapté.

Importance de l'échauffement et de la récupération

Pour préparer vos tendons à l’effort, échauffez-vous progressivement.

La récupération est également essentielle pour favoriser l'élimination des toxines.