La tendinite du moyen fessier apparaît souvent sans prévenir : une douleur latérale à la hanche, parfois irradiante vers la jambe ou le bassin, qui finit par gêner les gestes les plus ordinaires. Cette tendinopathie du tendon peut toucher des sportifs, mais aussi des personnes moins actives, lorsque les appuis ou les mouvements répétés sollicitent trop le muscle. Avec le temps, une bursite ou une irritation tendineuse peuvent s’installer. D’où l’importance d’un traitement, mêlant rééducation et renforcement, pour retrouver une marche confortable.
Qu’est-ce que la tendinite du moyen fessier ?
Rôle du muscle et du tendon
Le moyen fessier maintient l’alignement entre votre hanche, votre genou et votre jambe. Il vous permet de marcher droit, de monter une marche ou de courir sans partir de travers. Son tendon assure la transmission des forces, stabilise chaque appui et évite que votre hanche ne s’affaisse.
Comment cette tendinite apparaît (microtraumatismes & surcharge)
La tendinite du moyen fessier s’installe petit à petit, à force de microtraumatismes : trop de marche, trop de course, mauvais appuis, chaussures vieillissantes…
Lorsque celui-ci se retrouve en surcharge, il n’arrive plus à encaisser les contraintes, et la douleur s’installe. Si vous insistez malgré tout, vous pouvez réveiller une petite bursite. Une inflammation d’une petite poche remplie de liquide qui sert d’amortisseur entre les tendons, les muscles et les os.
Symptômes typiques et diagnostics à connaître
Douleurs caractéristiques et irradiation
Les connaissances scientifiques sur la tendinite du moyen fessier sont encore fragmentaires. Elles décrivent surtout des douleurs latérales de hanche sans toujours distinguer clairement l’origine exacte. Dans la pratique, les patients décrivent :
- Une douleur sur le côté de la hanche, sensible à la pression ;
- Une irradiation possible vers la face externe de la cuisse ;
- Une gêne qui peut descendre jusqu’au genou, surtout en fin de journée ;
- Une douleur réveillée par la marche prolongée, les montées d’escaliers ou la station debout ;
- Une gêne en décubitus latéral ;
- Une sensation de raideur dans le bassin ou la jambe.
Utiliser ces éléments comme indices permet d’orienter le diagnostic, en complément d’une imagerie si nécessaire.
Tests cliniques utilisés par les professionnels
Les tests cliniques sont surtout des outils d’orientation, utilisés en complément de l’imagerie, des antécédents ou d’un examen global de la hanche. En pratique, les professionnels de santé ont recours à :
- L’abduction contre résistance ;
- La palpation de la zone latérale de la hanche ;
- Les tests de reproduction de la douleur lors de certains mouvements ;
- L’évaluation de l’amplitude articulaire ou de la force du moyen fessier.
Imagerie utile (échographie, IRM)
L’échographie et l’IRM font partie des examens les plus utilisés pour explorer les douleurs latérales de hanche. [1]
L’échographie observe en temps réel l’état du tendon, évalue une éventuelle inflammation, tandis que l’IRM offre une vision plus détaillée des tissus profonds et des structures voisines.
Ces techniques aident le clinicien à repérer des anomalies, à mesurer leur étendue et à exclure d’autres causes de douleur. Mais certaines anomalies visibles peuvent être anciennes ou asymptomatiques et d’autres peuvent passer inaperçues.
Pourquoi cette tendinite survient : les causes principales
Surcharge mécanique et mouvements répétitifs
La surcharge mécanique est le fait de demander trop d’efforts à un muscle ou à un tendon, par rapport à ce qu’il peut supporter à un moment donné. Cette surcharge et les mouvements répétitifs sont souvent évoqués comme des facteurs susceptibles de favoriser des douleurs latérales de hanche.
Facteurs aggravants : âge, hormones, posture, surpoids
Plusieurs facteurs augmenteraient la sensibilité de votre tendon :
- L’âge : avec le temps, il perd une partie de son élasticité et tolère moins les variations d’effort ;
- Les variations hormonales peuvent modifier la structure tendineuse et influencer la résistance du tissu ;
- La posture et les appuis augmentent la charge sur le moyen fessier ;
- Le surpoids accentue les forces subies par la hanche à chaque pas.
Ces facteurs ne causent pas directement une tendinite, mais ils réduisent la marge de tolérance de votre tendon.
Gestes, sports et habitudes qui favorisent la douleur
Certains gestes du quotidien, pratiques sportives ou habitudes de posture sollicitent davantage le moyen fessier :
- Marcher longtemps sur terrain irrégulier ;
- Courir avec une technique approximative ou sur des surfaces dures pendant une période prolongée ;
- Monter et descendre souvent des escaliers ;
- Croiser systématiquement les jambes en position assise ;
- S’entraîner sans échauffement suffisant ;
- Porter des charges lourdes toujours du même côté ;
- Utiliser des chaussures usées qui modifient l’alignement hanche-genou-cheville.
Ces situations ne déclenchent pas nécessairement une tendinite, mais elles entretiennent la douleur. L’objectif est donc d’identifier les habitudes qui augmentent cette gêne et de les corriger sans interrompre totalement votre activité.
Comment soulager une tendinite du moyen fessier ?
Repos relatif, glace, antalgiques : ce qui aide vraiment
Ces gestes atténuent la douleur lorsqu’ils s’accompagnent d’une réduction temporaire des activités qui sollicitent la hanche.
Ils s’inscrivent cependant dans une approche plus large, qui inclut souvent le renforcement musculaire, certains étirements ciblés ou un travail de physiothérapie.
Quand les infiltrations, PRP et ondes de choc sont indiqués
Lorsque le repos relatif, la rééducation et le renforcement ne suffisent pas, certains médecins proposent des infiltrations, des injections de PRP ou des ondes de choc.
Les infiltrations, le plus souvent réalisées avec un corticoïde, diminuent l’inflammation locale et soulagent temporairement la douleur.
Le PRP (plasma riche en plaquettes) consiste à injecter un concentré de plaquettes issues du sang du patient, dans l’idée de stimuler la réparation tissulaire. [2]
Les ondes de choc (shockwave therapy) sont parfois utilisées pour relancer la cicatrisation du tendon ou réduire la douleur. [3]
Ces approches s'inscrivent dans un suivi médical rigoureux et accompagné d’un bilan complet (imagerie, examen clinique, exclusion d’autres causes de douleur).
Cas rares où la chirurgie peut être envisagée
Dans certains cas rares, une lésion tendineuse avérée du moyen fessier, identifiée à l’IRM, conduit un spécialiste à envisager une opération.
Une étude décrit ainsi des patients présentant une déchirure des adducteurs de hanche pour lesquels la chirurgie a été proposée après l’échec des traitements conservateurs. [4]
L’objectif est alors de réparer le tendon, de restaurer la force musculaire et de réduire la douleur. Les résultats observés montrent une amélioration de la fonction et de la gêne ressentie après l’intervention, ainsi qu’une bonne intégrité de la réparation à l’IRM.
Rééducation : le traitement le plus efficace
Exercices de phase 1 : soulager et réactiver doucement
Dans cette première étape, l’objectif est de remettre en mouvement sans augmenter la douleur. Les kinésithérapeutes privilégient des exercices simples :
- Légères mobilisations ;
- Activation isométrique ;
- Travail doux de stabilité.
Cette remise en route progressive réduit la tension locale et prépare le tendon à un travail de renforcement plus complet par la suite.
Renforcement progressif : stabiliser le bassin et la hanche
Une fois la douleur mieux contrôlée, un travail de renforcement progressif est essentiel pour redonner au moyen fessier son rôle stabilisateur.
- Exercices d’activation douce : abduction isométrique contre un mur, coquille (clamshell) à faible amplitude, pont fessier à deux jambes ;
- Exercices de contrôle de la hanche : coquille avec élastique léger, élévations latérales de jambe, montées de pas basses (step-up) ;
- Exercices de stabilisation dynamique : marche latérale avec élastique,
pont fessier à une jambe, équilibre sur une jambe avec variations (yeux fermés, tapis mou), squat latéral léger.
Étirements, proprioception et correction posturale
D’autres approches complètent le renforcement. Les étirements, par exemple, réduisent les tensions autour de la hanche et améliorent le confort dans certains mouvements.
La proprioception, le travail d’équilibre et de contrôle, permet au corps de mieux gérer le quotidien, et d’ajuster les appuis pour limiter la charge sur le tendon.
Enfin, la correction posturale améliore les problèmes de pied qui s’affaisse, de rotation de hanche excessive ou d’un bassin instable.
Prévention et bonnes habitudes pour éviter les récidives
Gestes du quotidien à corriger (sommeil, posture, appuis)
Un sommeil suffisant, une posture moins affaissée en position assise et des appuis mieux répartis diminuent la pression sur le tendon du moyen fessier. Prendre le temps d’alterner les positions et d’éviter les stations debout prolongées aide aussi à ménager la hanche.
Conseils sportifs : reprise progressive, matériel, technique
Ici, la clé reste la progressivité, reprendre doucement après une douleur, adapter le volume d’entraînement et vérifier votre matériel (chaussures usées, surfaces dures, gestes mal exécutés). Une technique plus fluide et un échauffement court, mais régulier limitent les surcharges inutiles.
Style de vie : alimentation, poids, tabac, récupération
Enfin, quelques éléments de mode de vie jouent un rôle : une alimentation équilibrée, la gestion du poids, l’arrêt du tabac (qui altère la qualité des tendons) et des temps de récupération suffisants entre les séances améliorent la santé du bassin et de la hanche.
Conclusion
La tendinite du moyen fessier demande du temps et une approche progressive. En comprenant les mécanismes en jeu, la surcharge, les gestes répétés, la posture, chacun peut agir pour limiter l’évolution de la douleur. La rééducation, le renforcement et quelques ajustements dans la vie quotidienne restent les stratégies les plus fiables. En cas de doute ou de symptômes persistants, un avis médical orientera les choix thérapeutiques et évitera les récidives.