La douleur au genou est souvent le signe d’une inflammation au niveau du tendon, autrement dit : la tendinite. Les tendons sont un ensemble de fibres qui relient les muscles aux os. Ce sont eux qui transmettent la force de contraction du muscle à l’articulation et permettent le mouvement. Trop de sollicitations par des mouvements répétitifs et intenses peuvent enflammer le tendon, comme c’est souvent le cas lors de certaines pratiques sportives. Savez-vous qu’il existe différents types de tendinites du genou ? Cet article explore les causes et les symptômes, ainsi que les traitements et la prévention.
Qu’est-ce qu’une tendinite du genou ?
Fonctionnement du genou
Le genou est la plus grande articulation du corps, essentielle aux mouvements de flexion et d’extension : marcher, courir et sauter. Il se compose de cartilage, d’os, de 2 ménisques, de 2 ligaments croisés, de ligaments latéraux, de bourses séreuses, de muscles, de tendons et d’une rotule. Chaque partie peut être à l’origine d’une douleur. [1]
Très peu vascularisé, le tendon se régénère lentement. Lorsqu’il est soumis à des contraintes répétitives, des micro-lésions apparaissent, provoquant une réponse inflammatoire du corps qui tente de réparer les tissus endommagés, c’est pourquoi le mouvement fait mal.
Tendinite
C’est l’inflammation d’un ou plusieurs tendons. On distingue principalement :
- Le tendon quadricipital, qui relie le quadriceps à la rotule.
- Le tendon rotulien, entre la rotule et le tibia.
Elle se manifeste généralement par des douleurs mécaniques au mouvement (course à pied, sauts, montées d’escaliers, position accroupie) et survient suite à une sursollicitation sportive des tendons souvent peu entraînés, pas assez échauffés et fragilisés.
Tendinite ou tendinopathie : quelle différence ?
La tendinite (suffixe -ite) indique une inflammation caractérisée par une douleur localisée, un gonflement ou une rougeur. C’est le terme le plus utilisé, notamment chez les sportifs.
La tendinopathie (suffixe -pathy tiré du grec) désigne un trouble ou une maladie. Il s’agit d’un terme générique pour désigner toute atteinte du tendon, comme une affection chronique et pas forcément inflammatoire. [2]
Les différents types de tendinites du genou
La tendinite du genou peut se manifester à différents endroits de l'articulation, chacun correspondant à un tendon spécifique.
Tendinite rotulienne (“jumper’s knee”)
C'est l'une des formes les plus courantes, affectant le tendon rotulien qui relie la rotule au tibia. Dans les cas les plus légers, elle peut survenir après une marche active ou une pratique sportive sans échauffement.
Elle est typique des sports qui entraînent une forte sollicitation des quadriceps (basket-ball, volley-ball, course, ski). La douleur est ressentie juste sous la pointe de la rotule. Elle est parfois appelée tendinite du genou du sauteur : “jumper’s knee”. [3]
Tendinite de la patte d’oie
La tendinite de la patte d’oie est localisée au niveau de la face postéro-interne du genou, à l'insertion commune de 3 tendons : le sartorius, le gracile et le semi-tendineux. Elle résulte souvent d’un excès de stress mécanique ou d’un déséquilibre postural.
Elle touche particulièrement les sportifs pratiquant l’athlétisme, le cyclisme, le football, ou la danse, mais aussi les personnes en surpoids ou celles qui travaillent fréquemment à genoux (mauvaise posture).
Une réduction de l’élasticité des tendons (vieillissement et raideur tendineuse) augmente leur vulnérabilité aux microtraumatismes. [4]
Tendinite du fascia lata (syndrome de l’essuie-glace)
La particularité de cette tendinite est qu’elle affecte la bandelette ilio-tibiale, un tendon externe, reliant l’os pelvien au genou. Appelée syndrome de la bandelette ilio-tibiale ou syndrome de l’essuie-glace, elle provoque une douleur latérale du genou au niveau du condyle fémoral externe.
Elle est fréquente chez les coureurs de fond et les cyclistes, en lien avec les mouvements répétitifs de flexion-extension du genou et certaines anomalies de l’axe du membre inférieur. [5]
Tendinite du quadriceps
Moins fréquente, elle affecte le tendon reliant le muscle quadriceps (le grand muscle de la cuisse) à la partie supérieure de la rotule. Elle est favorisée par les sports avec flexions répétées (squat, sauts, montées de marches) et par des déséquilibres musculaires entre quadriceps et ischio-jambiers.
La tendinite du quadriceps se manifeste par une douleur sus-rotulienne qui apparaît à la contraction contre résistance du quadriceps. [6]
Symptômes les plus fréquents
La tendinite du genou est une blessure fréquente de surmenage due au sport, dont les symptômes varient en fonction du tendon enflammé.
Douleur localisée : avant, interne ou externe du genou
Une douleur ressentie à la face antérieure du genou, localisée sous la rotule, est caractéristique de la tendinite rotulienne. Si c’est plutôt la face interne qui fait mal, en particulier à l’effort, c’est le signe de la tendinite patte d’oie. Et si vous avez la sensation douloureuse externe qui s’étend parfois jusqu’à la hanche ou à la base du fémur, ce sont les symptômes de la tendinite du fascia lata.
Typiquement mécanique, elle augmente avec le mouvement : sauts, descente d’escaliers, course à pied ou position accroupie prolongée, et diminue au repos.
Raideur, faiblesse musculaire, craquements
La raideur s’associe parfois à la douleur, notamment au lever ou après une période d’inactivité. Une faiblesse musculaire du quadriceps ou des muscles de la hanche est souvent retrouvée à l’examen clinique du médecin. Un muscle laissé trop longtemps au repos a tendance à s’affaiblir et à perdre en souplesse. Une sensation de craquements peut indiquer une inflammation des gaines tendineuses (ténosynovite).
Gonflement, chaleur, nodule éventuel
Dans la phase aiguë, des signes de l’inflammation peuvent apparaître : un gonflement localisé autour du tendon, parfois associé à une sensation de chaleur et à une légère rougeur. L’examen clinique peut retrouver un épaississement du tendon ou un nodule tendineux, qui orientent vers une tendinopathie chronique.
|
Type de tendinite |
Localisation de la douleur |
Symptômes |
|---|---|---|
Rotulienne | Sous la rotule (pointe de la rotule) | Douleur à la palpation du pôle inférieur de la rotule, maximale avec genou en extension et quadriceps relâché. Articulation douloureuse au mouvement, gonflement |
Patte d’oie | Face interne du genou | Douleur et gêne fonctionnelle à l’effort, majorée lors de la montée ou la descente d’escaliers en raison de la faiblesse musculaire ou lors du passage de la position assise à debout, sensation de tension, gonflement localisé |
Fascia lata | Face externe du genou | Douleur au niveau du condyle fémoral, sensation de claquement externe au genou, et parfois de chaleur ou rougeur |
Quadriceps | Au-dessus de la rotule | Douleur qui s'intensifie après être resté assis ou accroupi. Raideur au démarrage, gonflement de la zone, baisse de mobilité et sensibilité accrue |
Les causes et facteurs de risque
L'apparition d'une tendinite au genou a de multiples causes mais se résume souvent à une incapacité du tendon à s’adapter à la charge qui lui est imposée. Concrètement, on lui en demande trop.
Surutilisation sportive
L’un des principaux facteurs de risque de la tendinite du genou est la surutilisation sportive, en particulier dans les sports où les tendons du genou sont soumis à des charges élevées et répétées (course à pied, sauts, sports collectifs, cyclisme). Des efforts répétés ou un repos insuffisant entraînent des déchirures et une altération des tendons.
Mouvements répétitifs ou brusques
Certaines activités professionnelles imposent des contraintes mécaniques au tendon, pouvant générer des douleurs et un risque de tendinite : travail à genoux, port de charges lourdes, montées et descentes d’escaliers fréquentes.
Déséquilibres musculaires, posture, matériel inadapté
Une faiblesse des fessiers ou un déficit du quadriceps par rapport aux ischio-jambiers modifient la répartition des forces autour de l’articulation du genou et augmentent les contraintes sur le tendon rotulien.
Des chaussures usées, des semelles non adaptées, une selle de vélo mal réglée, sont des facteurs de risque d’inflammation des tendons, en particulier pour la course et le cyclisme.
Comment diagnostiquer une tendinite du genou ?
Examen clinique
- Interrogatoire approfondi pour déterminer les circonstances d'apparition de la gêne, son type (mécanique ou inflammatoire) et le niveau d’activité physique.
- Palpation pour localiser le point douloureux, et examen complet du membre inférieur pour identifier d’éventuelles pathologies au niveau de la hanche, du genou, de la cheville ou du pied.
- Tests fonctionnels visant à reproduire la douleur (squats, sauts, montée de marches).
Imagerie : échographie, radiographie, IRM
Des examens complémentaires sont parfois nécessaires au diagnostic pour exclure toute pathologie osseuse ou intra-articulaire et déceler des anomalies tendineuses (calcification, allongement rotulien, etc.). [7]
Comment traiter une tendinite du genou ?
Repos adapté + gestion de la charge
Il n’est pas recommandé de stopper toute activité physique, mais plutôt de l’adapter sans provoquer de douleur. Une réduction temporaire de la charge mécanique (baisse de volume, suppression des sauts ou des courses à haute intensité) permet au tendon de sortir de la phase réactive sans perdre totalement ses capacités fonctionnelles.
Froid, antalgiques, anti-inflammatoires
L’application de froid ou d’anti-inflammatoire local soulage et diminue l’inflammation tendineuse de manière temporaire.
Kinésithérapie
En cas d’inconfort persistant, le kinésithérapeute peut vous faire pratiquer des exercices excentriques et isométriques pour renforcer et restructurer le tendon.
Physiothérapie
La thérapie par ondes de choc a montré son efficacité dans la réduction de la douleur et l’amélioration de la fonctionnalité du membre touché. Concrètement, elles induisent une néovascularisation à la jonction tendino-osseuse, forçant le tendon à se régénérer. [8]
Prévenir la tendinite du genou et éviter les récidives
La prévention est la meilleure stratégie pour le sportif.
Échauffement & technique sportive
Bien s’échauffer augmente l’élasticité des tendons et des structures musculaires. Corriger la technique (mauvaise poussée, mauvais appui, défaut de mouvement) est également essentiel.
Progressivité de l’entraînement & hydratation
Solliciter les tendons de manière progressive est la clé pour éviter la tendinite. L’idéal est d’augmenter le volume d’entraînement de 10 % par semaine maximum. Enfin, une bonne hydratation permet de maintenir la souplesse et la résistance du tissu conjonctif.
Matériel adapté : chaussures, semelles, genouillères
Le choix de chaussures de sport offrant un bon amorti et un bon soutien est important pour réduire les contraintes sur l’articulation du genou et le tendon rotulien. Des semelles orthopédiques peuvent aider à corriger les troubles de l’appui et la posture, tandis que le port d’une genouillère apporte un confort, notamment en cas de pressions directes.
Renforcement et mobilité de la chaîne musculaire
Un programme régulier de renforcement et de mobilité de la chaîne musculaire (quadriceps, ischio-jambiers, fessiers, mollets), ainsi que des exercices d’étirement contribuent à diminuer les tensions musculaires.
Conclusion
La tendinite du genou est une pathologie fréquente, en particulier chez les sportifs de haut niveau. La sursollicitation des tendons et l’insuffisance de repos créent l’inflammation. L’échauffement progressif, l’ajustement du matériel (selle bien réglée pour le cyclisme, type de surface d’entraînement) et le choix d’un équipement adapté à la contrainte font partie des stratégies de prévention. Et, restez à l’écoute de votre corps.
Tensor Fascia Latae Muscle Structure and Activation in Individuals With Lower Limb Musculoskeletal Conditions: A Systematic Review and Meta-Analysis
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