Lorsque la douleur au pouce ou au poignet apparaît dans chaque geste du quotidien, tout peut devenir difficile. Saisir un objet, cuisiner, écrire ou porter quelque chose provoque une sensation de tiraillement qui remonte parfois jusqu’à l’avant-bras. Cette gêne correspond souvent à la ténosynovite de De Quervain, aussi appelée tendinite de Quervain. C’est une inflammation de la gaine qui entoure les deux tendons du pouce, le long abducteur et le court extenseur. Lorsque cet espace se rétrécit, les tendons ne coulissent plus correctement et la douleur s’installe.
Le test de Finkelstein permet d’orienter le diagnostic, souvent confirmé en clinique. Une attelle de pouce ou d’attelle poignet, des anti-inflammatoires, des exercices de rééducation, et parfois une chirurgie ou une opération peuvent être nécessaires. Une approche naturelle complète le traitement : curcumine, collagène, alimentation anti-inflammatoire et récupération progressive.
Qu’est-ce que la tendinite de De Quervain ?
La tendinite de De Quervain est une pathologie du poignet qui touche la zone située à la base du pouce. Dans cette région, deux tendons essentiels permettent les mouvements du pouce : celui qui sert à l’écarter (abducteur long) et celui qui aide à l’étendre (extenseur court). Ces deux tendons passent ensemble dans un petit tunnel sur le côté du poignet, appelé premier compartiment dorsal.
Selon l’étude d’Ellen Satteson, ce tunnel peut s’épaissir ou devenir trop étroit. La gaine qui entoure les tendons se resserre, et l’espace disponible diminue. Imaginez un câble de frein de vélo qui frotte dans une gaine trop serrée : le glissement devient difficile, ça accroche, ça coince. [1]
C’est exactement ce qui se passe dans la tendinite de Quervain : la friction augmente, la gaine gonfle encore plus, et la douleur apparaît à chaque mouvement, créant un véritable cercle vicieux.
Symptômes et diagnostics : avez-vous le “pouce du skieur” ?
Signes cliniques de la tendinite de quervain
- Douleur localisée sur le bord externe du poignet, juste à la base du pouce, où se loge le tunnel des tendons concernés. Cette douleur s’intensifie lors des mouvements d’abduction ou d’extension du pouce (écarter ou lever le pouce) et lors de la déviation ulnaire du poignet. [2]
- Un gonflement visible ou palpable peut apparaître dans cette zone radiosidérale ; il correspond à l’épaississement de la gaine des deux tendons, appartenant aux muscles abducteur long et extenseur court du pouce. [3]
- Vous pouvez aussi ressentir une sensation de grincement ou de crépitement (“crissement”) lorsque les tendons glissent dans un tunnel devenu plus étroit à cause de l’œdème et de la fibrose.
- Une douleur aggravée quand le pouce est en mouvement, surtout en abduction ou en extension, ou lors de gestes répétitifs.
Le Test de Finkelstein (Tutoriel étape par étape)
Pour le diagnostic, le Test de Finkelstein est fréquemment utilisé :
- Tendre le bras devant soi, le poignet en position neutre.
- Replier le pouce à l’intérieur de la paume.
- Refermer les doigts par-dessus le pouce (former un poing).
- Incliner le poignet vers le petit doigt (déviation ulnaire).
Si cela déclenche une douleur vive à la base du pouce, cela renforce fortement la suspicion de cette maladie.
Les Causes : Pourquoi vous ?
Vous effectuez sans doute au quotidien des gestes que vous ne reliez pas forcément à une pathologie, mais qui sollicitent fortement les tendons du pouce et du poignet.
Ces gestes répétitifs, porter un bébé, faire défiler un téléphone, bricoler ou saisir des objets encore et encore, sont parmi les principaux déclencheurs de la maladie de De Quervain. Une étude dans une population de travailleurs a montré que les postures de poignet fléchi ou tordu et les gestes répétitifs multipliaient pratiquement par trois le risque. [4]
L’usage intensif du téléphone, le fameux « Smartphone Thumb », impose au pouce de s’écarter et de le ramener sans cesse, créant micro-traumatismes et frottements dans la gaine tendineuse. [5]
Chez les jeunes mamans, le portage du bébé sous les bras avec les pouces écartés, associé aux changements hormonaux post-grossesse qui rendent les tendons plus laxes, représente également un facteur fréquent.[6]
En parallèle, certaines professions ou pratiques sportives entraînent une vraie surcharge :
- les gamers avec usage prolongé de la manette,
- les coiffeurs maniant ciseaux et brosse,
- les sports de raquette alternant poignets et pouces,
- le bricolage nécessitant vissage ou serrage.
Le poignet et le pouce sont alors exposés à des micro-traumatismes répétés, provoquant à terme l’épaississement de la gaine et l’irritation des tendons.
Traitements médicaux : Le protocole classique
Repos, orthèse et kinésithérapie
La prise en charge repose d’abord sur des solutions simples et progressives. Le repos articulaire, l’adaptation des gestes et l’usage d’une orthèse stabilisant le pouce et le poignet constituent la base. Sans immobilisation correcte et sans rééducation ciblée, la guérison est difficile et les douleurs deviennent chroniques. La kinésithérapie aide à réduire l’inflammation locale, à restaurer le glissement des tendons et à récupérer de la force.[7]
Médicaments anti-inflammatoires
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et les gels peuvent soulager la douleur à court terme. Cependant, leur efficacité réelle sur la tendinite de De Quervain reste limitée selon les données disponibles, et leur utilisation prolongée expose à des troubles digestifs (maux d’estomac, irritation).[7]
Infiltration et chirurgie
Lorsque ces approches ne suffisent pas, les infiltrations de corticostéroïdes sont aujourd’hui considérées comme le traitement le plus efficace.
La chirurgie (libération de la coulisse ostéo-fibreuse) n’est indiquée qu’en dernier recours, après échec du traitement conservateur. Elle peut résoudre la douleur dans la majorité des cas, mais comporte des risques tels que les lésions du nerf radial superficiel.
Favoriser la guérison grâce à l’alimentation
Même si la prise en charge de votre tendinite ne se limite pas à la table, vous pouvez agir sur l’inflammation globale et soutenir vos tendons grâce à votre alimentation.
L’alimentation anti-inflammatoire
Pour diminuer la charge inflammatoire, réduisez les sucres rapides, l’alcool et les aliments très transformés : ces produits peuvent « encrasser » le terrain et entretenir l’inflammation.
Ces bons lipides ont montré des effets anti-inflammatoires dans de nombreux tissus.
Supplémentation ciblée
Certaines études suggèrent que la prise de peptides de collagène, en complément d’une activité physique adaptée, améliore la structure et la fonction des tendons. Par exemple, des joueurs ont vu une augmentation de la rigidité tendineuse après supplémentation en collagène + exercice. [8]
Envisagez également des apports suffisants en zinc (essentiel pour la synthèse des protéines de tendon) ou en curcumine (un antioxydant). Cependant, ces suppléments ne remplacent pas un traitement médical. Ils viennent en soutien, avec l’accord de votre docteur ou professionnel de santé.
Rééducation : exercices et auto-massages
Une fois que la douleur vive s’est estompée et que vous êtes à l’aise pour bouger votre pouce sans gêne majeure, la phase de rééducation devient essentielle. Cette étape, menée idéalement par un kinésithérapeute, est un des piliers de votre prise en charge. C’est grâce à la rééducation que vos tendons retrouvent leur glissement libre, que la gaine retrouve sa souplesse et que vous réduisez le risque de récidive. [9]
Étirements doux
Allongez l’avant-bras devant vous, paume vers le sol. Avec l’autre main, fléchissez délicatement le poignet vers le petit-doigt, tout en gardant le pouce dans une position neutre.
Cet étirement aide à relâcher la gaine du pouce et du poignet après l’inflammation.
Renforcement
Prenez un élastique fin et glissez-le autour de vos doigts et de votre pouce. Ouvrez la main lentement contre la résistance de l’élastique, puis revenez à la position initiale. Faites 8 à 12 répétitions.
Cette ouverture permet de renforcer les muscles extenseurs et abducteurs du pouce, et de soutenir les tendons de façon progressive.
Auto-massage
Placez vos doigts de l’autre main sur la base du pouce, là où se situe la gaine tendineuse épaissie.
Ce geste aide à mobiliser les adhérences, à réactiver la circulation locale et à « dégager » les tissus autour de la gaine tendineuse. Il est particulièrement utile avant l’exercice de renforcement.
Conclusion
La tendinite de De Quervain ne doit pas rester un frein dans votre vie quotidienne. En associant un repos adapté et une orthèse bien choisie, vous protégez vos tendons. La rééducation ciblée et une alimentation anti-inflammatoire soutiennent la réparation des tissus. Et si besoin, une prise en charge médicale ou chirurgicale complète le traitement pour retrouver toute la mobilité du pouce et du poignet.
Agir dès les premiers signes vous permet d’éviter que la douleur ne devienne chronique. Prenez soin de vos gestes, adaptez vos habitudes, et offrez à votre main le soutien qu’elle mérite pour retrouver légèreté et confiance. Cela vaut aussi si vous êtes atteint d'une tendinite du pied ou d'une tendinite de la cheville.
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De Quervain tenosynovitis
Management of de Quervain Tenosynovitis
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Resistance training in musculoskeletal rehabilitation: a systematic review