Le pancréas est un organe discret, mais non moins essentiel, qui joue un rôle clé dans la digestion et la régulation de la glycémie. Lorsque cet organe s’enflamme, on parle de pancréatite, une affection qui peut se présenter sous deux formes : aiguë ou chronique. Dans le premier cas, la maladie survient brutalement et nécessite souvent une hospitalisation en urgence. Dans le second, elle s’installe progressivement et peut altérer durablement la qualité de vie. À travers cet article, découvrez les symptômes, les causes principales et surtout le rôle déterminant de l’alimentation dans la gestion de cette affection. Vous découvrirez également les différences majeures entre les deux types de pancréatite, ainsi que les complications possibles si elle n’est pas prise en charge à temps.
Qu’est-ce que la pancréatite ?
Définition : une inflammation du pancréas
La pancréatite désigne une inflammation du pancréas, une glande située derrière l’estomac qui joue deux rôles majeurs : la sécrétion d’enzymes digestives (exocrine) nécessaires à la digestion des graisses, protéines et glucides, et la production d’hormones comme l’insuline (fonction endocrine). [1]
Quand survient une pancréatite, ces enzymes digestives s’activent de façon inappropriée à l’intérieur de l’organe au lieu de n’agir que dans l’intestin. Ce phénomène provoque une sorte d’auto-digestion des tissus du pancréas, avec lésions cellulaires, œdème (gonflement), douleurs, et parfois nécrose (mort cellulaire) si l’atteinte est sévère. [2]
Sur le plan clinique, la pancréatite se manifeste souvent par une gêne abdominale, des nausées, des vomissements, et des troubles digestifs liés à la diminution de l’activité enzymatique. Mais ces signaux varient selon le type (aiguë vs chronique), l’intensité, et les sources sous-jacentes. [1]
Quelle différence entre la pancréatite aiguë et la pancréatite chronique ?
Ces deux formes partagent un même organe concerné, mais leur évolution, leurs causes, leur gravité et leur prise en charge diffèrent grandement.
Caractéristiques principales et évolution :
- Durée et réversibilité. La pancréatite aiguë se manifeste soudainement et est souvent réversible, surtout si elle est traitée rapidement et efficacement. En revanche, son autre forme correspond à une inflammation persistante ou répétée qui conduit à des lésions irréversibles du pancréas, à une destruction du tissu glandulaire et à une fibrose. [3]
- Symptômes et gravité initiale. Dans la forme aiguë, la douleur abdominale sévère, les vomissements et la fièvre apparaissent de manière brutale. Le niveau des enzymes pancréatiques (amylase, lipase) dans le sang est fortement élevé. La pancréatite chronique présente des signaux plus diffus ou intermittents : gêne récurrente (qui peut devenir constante), troubles digestifs, perte de poids progressive, parfois développement de diabète. [3]
- Causes. Beaucoup de sources sont communes, mais certaines se distinguent selon la forme. Pour la pancréatite aiguë, les calculs biliaireset les épisodes de consommation excessive de boissons alcoolisées sont parmi les raisons les plus fréquentes. Pour l’autre forme, l’alcool à long terme est souvent la cause dominante, souvent associée à des épisodes aigus répétés, mais aussi des facteurs génétiques, des anomalies anatomiques, ou encore le tabac. [3]
- Complications à court et long terme. La forme aiguë peut évoluer vers des troubles sévères rapides : nécrose, insuffisance multiviscérale (rein, poumon), infections locales, choc. L’autre forme entraîne des dommages structurels : insuffisance exocrine (maldigestion, stéatorrhée), insuffisance endocrine (diabète), calcifications, obstructions des voies pancréatiques, risque accru de cancer du pancréas. [3][4]
- Traitement et prise en charge. En aigu, le traitement est urgent : hospitalisation, gestion de la douleur, hydratation, parfois interventions chirurgicales ou endoscopiques (par exemple si un calcul bloque le canal). En chronique, l’accent est mis sur la gestion de la douleur sur le long terme, la correction des carences digestives, l’arrêt de de boissons alcoolisées et du tabac, la surveillance métabolique. [3]

Cela illustre qu’il existe un continuum entre les deux formes, et que la distinction peut parfois être floue mais reste utile pour ajuster la prise en charge.
La pancréatite aiguë : une urgence médicale
Cette forme pancréatite est une atteinte soudaine de l’organe qui peut évoluer très rapidement vers de graves problèmes si elle n’est pas prise en charge immédiatement.
Vous devez savoir que chaque minute compte : la gravité dépend de la vitesse à laquelle le diagnostic est posé, des sources identifiées et de la mise en place de soins adaptés.
Selon les classifications récentes, le taux de mortalité varie entre 3 % pour les formes bénignes et jusqu’à 20 % pour les cas avec nécrose du pancréas ou défaillance d’organe. [6]
Les symptômes : une douleur abdominale brutale
Les signes cliniques de ce type de pancréatite apparaissent souvent de manière soudaine et avec intensité :
- Douleur abdominale : généralement très violente, localisée dans la partie haute de l’abdomen (épigastrique), souvent irradiante vers le dos. Elle peut s’aggraver en position allongée ou après un repas. [6][7]
- Nausées et vomissements fréquents, associés parfois à une perte d’appétit. [6][7]
- Fièvre, parfois un pouls rapide, et signes d’irritation péritonéale. [6][7]
- En cas de forme sévère, manifestation de défaillance d’organe (reins, poumons), choc inflammatoire, voire signes de nécrose du pancréas. [6][8]
Le diagnostic repose aussi sur la mesure des enzymes pancréatiques(amylase et lipase) : on les retrouve typiquement trois fois ou davantage au-dessus de la normale. [6]

Les causes principales : les calculs biliaires et l’alcool
Parmi les divers facteurs déclenchants de cette forme de pancréatite, deux émergent comme les plus fréquents :
- Calculs biliaires : des petits calculs peuvent migrer et obstruer temporairement l’ampoule de Vater ou le canal du pancréas, provoquant un reflux de bile et l’activation prématurée des enzymes digestives à l’intérieur de l’organe. C’est la cause la plus fréquente dans de nombreux pays. [6]
- Alcool : consommé de manière excessive et prolongée , il est la deuxième cause principale. Il peut modifier la sécrétion pancréatique (augmenter la viscosité, provoquer des dépôts de protéines), favoriser l’activation enzymatique intracellulaire et l’inflammation. Même si tous les consommateurs excessifs ne développent pas de pancréatite, le risque augmente fortement selon la durée et la quantité. [6]
D’autres causes existent , bien que moins fréquentes : hypertriglycéridémie très élevée (souvent > 1000 mg/dL), certains médicaments, traumatismes, infections, anomalies anatomiques. [6]
Le diagnostic et le traitement à l’hôpital
Dès l’arrivée aux urgences, la priorité est de confirmer rapidement le diagnostic et d’évaluer la gravité de la pancréatite aiguë. Selon les recommandations internationales, ce verdict repose sur au moins deux des trois critères suivants :
1. Douleur abdominale typique (brutale, persistante, souvent irradiant dans le dos).
2. Taux d’ amylase ou de lipase sériques élevés, au moins trois fois la limite supérieure de la normale.
3. Imagerie médicale (échographie, scanner ou IRM) montrant des signes d’inflammation du pancréas. [6]
Une fois le verdict confirmé, l’équipe médicale procède à une évaluation pronostique. Des scores tels que Ranson ou APACHE II permettent d’estimer le risque d’aggravations et la nécessité éventuelle d’une surveillance en soins intensifs.

La prise en charge hospitalière repose sur plusieurs piliers :
- Réanimation liquidienne : perfusion intraveineuse abondante (solution saline ou Ringer lactate) pour corriger la déshydratation et prévenir des potentiels problèmes rénaux.
- Contrôle du signal douloureux: recours à des antalgiques puissants, souvent morphiniques.
- Repos du pancréas : suspension de l’alimentation orale au début, puis réalimentation progressive selon la tolérance digestive.
- Élimination de la cause : par exemple, extraction endoscopique d’un calcul biliaire (via une sphinctérotomie endoscopique) ou correction d’une hypertriglycéridémie sévère.
- Prévention et traitement des aggravations : drainage endoscopique ou chirurgical d’abcès ou de pseudokystes, antibiotiques en cas d’infection prouvée.
La durée d’hospitalisation varie selon la sévérité : quelques jours pour une forme bénigne, plusieurs semaines pour une forme compliquée. La mortalité reste faible dans les cas simples (< 5 %), mais peut atteindre jusqu’à 30 % dans les formes nécrosantes sévères. [6]
La pancréatite chronique : une maladie au long cours
Cette forme de pancréatite est une inflammation durable du pancréas qui entraîne, au fil du temps, des lésions irréversibles.
Contrairement à la forme aiguë, qui peut être réversible si elle est traitée à temps, ce type de pancréatite évolue progressivement, avec une destruction du tissu pancréatique remplacé par de la fibrose. Cela altère à la fois la fonction exocrine (digestion) et endocrine (régulation du glucose).
C’est une maladie qui affecte fortement la qualité de vie, car elle s’accompagne de douleurs persistantes, de troubles digestifs chroniques et, à terme, de problèmes métaboliques.
Les symptômes : douleurs récurrentes, perte de poids et troubles digestifs
Les signes cliniques de ce type de pancréatite sont souvent moins spectaculaires qu’une crise aiguë, mais beaucoup plus invalidants au quotidien :
- Douleurs abdominales récurrentes : elles surviennent de façon intermittente ou deviennent chroniques, souvent localisées dans le haut de l’abdomen et irradiant dans le dos. Ces douleurs peuvent durer des heures, s’intensifier après les repas et mener à une prise régulière d’antalgiques.
- Troubles digestifs : liés à l’insuffisance exocrine du pancréas. Comme il ne sécrète plus assez d’enzymes, les graisses et protéines ne sont pas digérées correctement. Cela provoque une stéatorrhée (selles grasses, volumineuses, malodorantes) et des ballonnements fréquents.
- Perte de poids progressive : conséquence de la malabsorption des nutriments et parfois de l’anorexie liée aux douleurs. Des données montrent que jusqu’à 50 % des patients développent une malnutrition significative au cours de la pathologie.
- Troubles métaboliques : environ un tiers des malades finissent par développer un diabète dit “pancréatogène” (type 3c), directement lié à la destruction des cellules productrices d’insuline. [9]
La cause principale : la consommation excessive et prolongée d’alcool
Il est de loin (avec le tabac) la cause prédominante de ce type de pancréatite dans le monde occidental. [10]
Le mécanisme est complexe. L’alcool modifie la composition du suc pancréatique, favorisant la précipitation de protéines dans les canaux du pancréas. Cela entraîne une obstruction progressive, une activation inappropriée des enzymes digestives et, à terme, une fibrose irréversible du tissu. [9]

La gestion sur le long terme
La prise en charge de cette forme de pancréatite repose avant tout sur une stratégie globale, visant à soulager les symptômes, compenser les déficits fonctionnels et prévenir les problèmes plus graves :
- Arrêt complet de l’alcool et du tabac : cela va de soi. C'est la première mesure, incontournable pour ralentir la progression de l’affection et réduire les maux. [12][13]
- Prise en charge de la douleur : analgésiques selon un schéma progressif, recours parfois à des techniques endoscopiques ou chirurgicales si les douleurs sont liées à une obstruction canalaire. [14]
- Supplémentation en enzymes digestives permettraient d’améliorer la digestion, de réduire la stéatorrhée et de limiter la perte de poids.
- Correction nutritionnelle : un régime adapté, pauvre en graisses saturées mais riche en protéines et micronutriments, souvent élaboré avec un(e) diététicien(ne). Dans certains cas, une supplémentation en vitamines liposolubles (A, D, E, K) est nécessaire. [13]
- Surveillance du diabète pancréatogène : dépistage et prise en charge d’une intolérance au glucose ou d’un diabète secondaire par insuline. [13]
- Suivi spécialisé : consultations régulières en gastro-entérologie, parfois avec recours à des centres experts en pancréatologie.
Alimentation et pancréatite : que peut-on manger ?
Un régime adapté aide à atténuer les douleurs, corriger les carences nutritionnelles et améliorer la qualité de vie. Selon les recommandations de l’ESPEN (European Society for Clinical Nutrition and Metabolism, 2024), la nutrition doit être considérée comme un pilier thérapeutique de la prise en charge. [15]
Le régime alimentaire après une crise de pancréatite aiguë
Après une hospitalisation pour pancréatite aiguë, l’objectif est de favoriser la récupération sans surcharger le pancréas. La réalimentation doit être progressive et individualisée.
Contrairement aux anciennes pratiques de jeûne prolongé, plusieurs études démontreraient que la reprise rapide d’une alimentation orale légère est sûre et améliore la récupération.
Aliments et bonnes pratiques à adopter:
- repas légers, en petites portions,
- pauvres en graisses saturées (moins de 30 g/jour dans les premiers temps),
- riches en glucides complexes (riz, pommes de terre, céréales complètes) et en protéines maigres (poissons blancs, volailles sans peau, yaourts allégés),
- boissons alcoolisées strictement interdites. L’eau reste la boisson de choix, en fractionnant les apports.
L’alimentation en cas de pancréatite chronique
Dans ce cas de figure, le défi est double : prévenir les douleurs postprandiales et corriger la maldigestion. Le régime doit être équilibré, hypercalorique si nécessaire, mais adapté aux capacités digestives.
- Fractionnement des repas : privilégiez 5 à 6 petits repas par jour plutôt que 2 ou 3 repas copieux.
- Limiter les graisses mais ne pas les supprimer : réduire les graisses saturées (charcuterie, fritures, fromages gras) tout en maintenant des apports en graisses de bonne qualité (huile d’olive, oméga-3).
- Apports protéiques : au moins 1,2 g/kg/jour, pour lutter contre la fonte musculaire.
- Vitamines et minéraux : supplémentation fréquente en vitamines liposolubles (A, D, E, K), calcium et zinc. [13]
- Alcool et tabac : un arrêt définitif est indispensable.
- Adaptations individuelles : dans certains cas, une intolérance au lactose ou au gluten pourrait apparaître, nécessitant un ajustement alimentaire.

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Quels sont les risques et les complications de la pancréatite ?
La pancréatite peut entraîner des conséquences graves. Certaines surviennent rapidement et mettent en jeu le pronostic vital (formes aiguës sévères), d’autres apparaissent progressivement et altèrent durablement la qualité de vie (formes chroniques).
Les complications de la forme aiguë
- Nécrose du pancréas : destruction du tissu pouvant s’infecter. La mortalité atteint alors 30 % si une infection survient
- Collections liquidiennes et pseudokystes : accumulations de liquide inflammatoire pouvant entraîner douleurs persistantes, compression digestive ou surinfection.
- Syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) : complication systémique sévère liée à l’inflammation généralisée.
- Défaillance multiviscérale : reins, poumons, système cardiovasculaire. Le risque est particulièrement élevé dans les 72 premières heures. [6]
Les complications de la forme chronique
- Insuffisance pancréatique exocrine : entraîne une maldigestion, une stéatorrhée et une perte de poids.
- Diabète pancréatogène (type 3c) : dû à la destruction progressive des cellules bêta du pancréas. Il est rapporté chez 30 à 50 % des malades.
- Douleurs chroniques invalidantes : elles réduisent la qualité de vie et peuvent conduire à une dépendance aux antalgiques, parfois aux opioïdes.
- Aggravations locales : sténoses du canal pancréatique ou biliaire, pseudokystes, calcifications intrapancréatiques.
- Cancer du pancréas : le risque est multiplié par 4 à 5 chez les patients avec pancréatite chronique, particulièrement après 10–15 ans d’évolution. [9]
Conclusion
La pancréatite est une pathologie sérieuse qui demande une prise en charge rigoureuse. La forme aiguë constitue une urgence médicale, tandis que la forme chronique impose une vigilance à long terme en raison de ses conséquences irréversibles. Dans les deux cas, l’alimentation adaptée, l’arrêt de l’alcool et du tabac et le suivi médical régulier sont des piliers essentiels pour limiter les aggravations.
Vous l’aurez compris : agir rapidement face aux signaux d’alerte, suivre les conseils diététiques et respecter les traitements prescrits permettent non seulement de réduire les douleurs, mais aussi de préserver la fonction du pancréas le plus longtemps possible.
Avec un accompagnement médical et nutritionnel adapté, il est tout à fait possible d’améliorer significativement sa qualité de vie malgré la maladie.
Comparison of acute pancreatitis and acute on chronic pancreatitis: a retrospective cohort study
Acute Pancreatitis
Pancreatitis
Acute Pancreatitis
Chronic Pancreatitis
Chronic pancreatitis
Epidemiology of chronic pancreatitis: burden of the disease and consequences
Chronic Pancreatitis: Diagnosis and Treatment
Treatment Strategies for Chronic Pancreatitis (CP)
Management of chronic pancreatitis: recent advances and future prospects
ESPEN practical guideline on clinical nutrition in acute and chronic pancreatitis