Fourmillements dans tout le corps et fatigue. Faut-il s’inquiéter ?

Vous ressentez des fourmillements un peu partout et vous avez l’impression qu’une fatigue intense s’abat sur vous ? Ces symptômes courants, lorsqu’ils sont cumulés, peuvent alerter sur un problème de santé sous-jacent. En effet, cette combinaison peut être le signe de déséquilibres bénins ou de troubles neurologiques plus profonds. L’objectif de cet article est d’analyser les causes de ces fourmillements dans tout le corps et de la fatigue associée, et de savoir quand consulter.

Comprendre les fourmillements généralisés et la fatigue associée

Dans le jargon médical, ces fourmillents sont appelés paresthésies . Ce sont des sensations anormales de picotements, d'engourdissements ou de légères piqûres.

La paresthésie traduit une anomalie affectant les voies sensorielles situées entre les nerfs périphériques parcourant le corps et la partie du cerveau qui traite les sensations. [1]

L'épuisement, quant à lui, est à la fois physique et lié au fonctionnement du système nerveux autonome, qui gère les fonctions de votre corps.

C’est ce qui ressort d’une étude qui montre qu’une baisse de l'activité du nerf vague et une hausse de celle du nerf sympathique sont associées à la fatigue du système nerveux central . [2]

Fourmillements généralisés vs localisés : quelle différence ?

Un fourmillement localisé, comme celui ressenti après être resté trop longtemps dans une position, est dû la plupart du temps à une compression temporaire d'un nerf ou à un trouble de la circulation sanguine dans une zone spécifique. Ces sensations disparaissent généralement en changeant de position.

Ces symptômes se produisent également dans le syndrome du canal carpien dans lequel le nerf médian est comprimé lors de son passage dans le canal carpien au niveau du poignet. Ils sont associés à des troubles de la sensibilité et une diminution de la force au niveau des 3 premiers doigts de la main.

En revanche, les fourmillements dans tout le corps traduisent souvent une atteinte plus diffuse de plusieurs nerfs ou du système nerveux central, c’est-à-dire le cerveau ou la moelle épinière. La dissémination des picotements dans les bras, les jambes, ou même le visage indique une origine plus profonde, en particulier si elle est associée à une douleur même légère.

Le lien entre une atteinte systémique et la sensation d'épuisement

Des fourmillements généralisés et une sensation d'épuisement évoquent une souffrance systémique montrant que le corps se défend.

Sur le plan physiologique, cet affaiblissement profond peut être lié à une carence, un état de stress important, une maladie auto-immune, un syndrome de fatigue chronique ou une fibromyalgie.

Lorsqu’elle affecte le métabolisme énergétique, la fonction nerveuse et la réponse inflammatoire, il est urgent d’en rechercher l’origine.

Quelles sont les causes possibles de fourmillements dans tout le corps et de fatigue ?

Ressentir des fourmillements disséminés partout peut être le signe de déséquilibres bénins dus à une simple carence, un état de stress récurrent ou, pour les causes les plus graves, une maladie neurologique comme la sclérose en plaques.

Les causes fonctionnelles et fréquentes : anxiété, spasmophilie et hyperventilation

Le stress et l’ anxiété peuvent provoquer des symptômes tels que des fourmillements généralisés, des picotements, des douleurs diffuses, notamment lors d'accès de panique ou d’hyperventilation. Un état abattu, un goût à rien et des troubles du sommeil sont fréquemment liés.

Souvent associée à l'anxiété ou à la spasmophilie, l’hyperventilation provoque une diminution du dioxyde de carbone dans le sang, altérant le pH sanguin, ce qui peut vous donner l’impression que l’on vous pique avec une aiguille au niveau des extrémités (bras et jambes).

Cette situation est souvent accompagnée d'un épuisement dû à l'effort respiratoire et à la tension nerveuse.

Les carences nutritionnelles sévères

Des carences nutritionnelles sévères sont parfois à l’origine de troubles nerveux. On peut citer la vitamine B12, le magnésium et le calcium qui peuvent causer des fourmillements et de la fatigue.

La vitamine B12 est essentielle à la fabrication de la myéline, gaine protectrice des fibres nerveuses.

Une étude a permis de faire le lien entre une neuropathie et un déficit en vitamine B12. C’est le cas d’une patiente souffrant de sensations de brûlures, de fourmillements et d’engourdissements sans amélioration malgré de nombreux traitements. [3]

Dans ce contexte, une supplémentation en multivitamines est une excellente option pour corriger vos carences. En faisant le choix d’un bon complexe multivitaminé, vous bénéficiez non seulement de la vitamine B12, mais aussi d'un ensemble de vitamines et minéraux agissant en synergie pour optimiser le fonctionnement nerveux et rétablir votre énergie.

Le magnésium est lui aussi le minéral indispensable à la transmission nerveuse car il intervient dans plus de 300 réactions enzymatiques de l'organisme. Si vous manquez de magnésium, vous pouvez ressentir une hyperexcitabilité neuromusculaire, se manifestant par des crampes, des fourmillements, des tressautements et une fatigue musculaire.

Une cure de bisglycinate de magnésium, une forme de magnésium hautement biodisponible, permet de combler cette carence.

Le calcium est lui aussi un nutriment indispensable au bon fonctionnement de l’organisme. Son rôle ne se limite pas à renforcer les os, il intervient au niveau des muscles, des nerfs, du cerveau et du cœur.

Une hypocalcémie peut être à l’origine d’une baisse d’énergie, d’un affaiblissement musculaire et provoquer une atonie et une impression de piqûre dans les doigts en affectant les nerfs. [4]

Les effets secondaires de certains médicaments

Il arrive que des médicaments induisent des neuropathies, en raison de leur action sur le système nerveux. C’est le cas de certaines chimiothérapies dont la toxicité vise les nerfs périphériques affectant leurs cellules, dont la gaine protectrice (myéline). [5][6]

Une étude a mis en lumière une neuropathie associée à un traitement antidiabétique. Cette condition survient lorsqu'il y a une correction trop rapide du taux de sucre dans le sang, induisant des douleurs et dysfonctionnements autonomes. [7]

La fibromyalgie et le syndrome de fatigue chronique

La fibromyalgie est une maladie chronique caractérisée par des douleurs musculo-squelettiques diffuses et persistantes, un état d’affaiblissement intense et d'autres symptômes comme des troubles du sommeil, des difficultés de concentration et des fourmillements.

Cependant, ses mécanismes sont encore mal compris. Les chercheurs s'orientent vers une anomalie de la régulation de la douleur par le cerveau et la moelle épinière. [8]

Le syndrome de fatigue chronique, appelé aussi encéphalomyélite myalgique, est une maladie multisystémique complexe provoquant une fatigue intense, non améliorée par le repos.

Les symptômes incluent des troubles cognitifs (difficultés de concentration, de mémoire), des troubles du sommeil, un malaise post-effort (aggravation des symptômes après un effort physique ou mental minime) et un dysfonctionnement autonome.

Bien que les causes exactes restent inconnues, cette affection serait biologique et impliquerait des dysfonctionnements immunitaires, hormonaux et liés au stress oxydatif. [9]

Les maladies neurologiques

La paresthésie peut également avoir des causes plus graves, comme des atteintes neurologiques, notamment :

La sclérose en plaques

Cette maladie auto-immune affecte le cerveau, la moelle épinière et les nerfs optiques. L’apparition de fourmillements est l'un des premiers symptômes évoqués par de nombreux patients.

La neuropathie périphérique

Il s’agit d’une atteinte du système nerveux en dehors du cerveau et de la moelle épinière.

• Polyneuropathie :de nombreux nerfs sont touchés de manière diffuse et symétrique (par exemple, les deux mains et les deux pieds).

• Mononeuropathie :un seul nerf est atteint.

Selon que les troubles du mouvement (faiblesse musculaire) ou des sensations (fourmillements, engourdissements) prédominent, on parlera de neuropathie motrice ou de neuropathie sensitive. [10]

Les causes possibles sont multiples, ce qui rend le diagnostic difficile. Elles peuvent être d’origine génétique ou liées à d’autres maladies (infectieuses, auto-immunes, diabète, etc.).

Le syndrome de Guillain-Barré

C’est une affection rare où le système immunitaire attaque les nerfs périphériques, provoquant une faiblesse musculaire progressive et des fourmillements qui commencent généralement dans les jambes et se propagent plus haut.

Un AVC

Un accident vasculaire cérébral peut provoquer des engourdissements et des fourmillements des mains, des pieds, des bras et des jambes. Une ischémie dans l’hémisphère droit du cerveau entraîne une paralysie du côté gauche et des troubles de la vision.

Les autres pistes métaboliques

D'autres conditions médicales moins connues peuvent aussi être à l'origine de ces symptômes combinés, affecter les nerfs et provoquer un affaiblissement de l’organisme.

• Des troubles thyroïdiens : une hypothyroïdie peut ralentir le métabolisme, entraînant faiblesse musculaire, et parfois des fourmillements dus à une compression nerveuse.

• Une mauvaise circulation du sang peut provoquer des picotements dans les membres.

• Le syndrome des jambes sans repos, caractérisé par un besoin impérieux de bouger les jambes, est associé à des sensations de fourmillements et d’épuisement induites par un manque de sommeil.

• Les maladies auto-immunes (lupus, polyarthrite rhumatoïde).

• Des pathologies rénales, hépatiques, ou le diabète.

• Des intoxications par métaux lourds ou produits chimiques.

Quand consulter en urgence pour des fourmillements généralisés ?

L’apparition brutale de fourmillements accompagnés de faiblesse musculaire, de troubles de la parole, de la vision, ou encore de douleurs thoraciques irradiant dans le bras gauche peuvent évoquer un accident vasculaire cérébral et nécessitent une intervention en urgence.

Pour des symptômes qui apparaissent progressivement et qui persistent, vous devez consulter en premier lieu votre médecin généraliste ou un neurologue pour un diagnostic plus précis et déterminer si la cause est fonctionnelle ou si une investigation plus approfondie est requise.

Comment le médecin pose-t-il le diagnostic ?

L’examen clinique complet permet d’orienter le diagnostic, de rechercher des points douloureux, des zones de faiblesse musculaire, des troubles de la motricité ou des signes de maladie chronique (fibromyalgie, maladie auto-immune, carences).

Selon la suspicion du médecin, différents examens peuvent être demandés :

• Prise de sang (vitamine B12, magnésium, calcium, fonction thyroïdienne).

• Électromyogramme (EMG) en cas de doute sur une neuropathie périphérique.

• IRM cérébrale ou médullaire (sclérose en plaques, atteinte de la moelle épinière).

• Électroencéphalogramme ou scanner cérébral.

• Bilan métabolique selon les symptômes associés.